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Enduropale : le « cannibale » Kellett a dévoré Le Touquet, sans laisser de miettes

Comme on s’y attendait, le Britannique Todd Kellett a remporté, ce samedi, son premier Enduropale à l’issue d’une course qu’il aura écrasée d’un bout à l’autre sans laisser de place au suspense. Avec l’abandon de Milko Potisek au bout de trente minutes, il n’avait plus aucun rival à sa taille.

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Que le temps passe vite. Il y a un an, Milko Potisek était le roi absolu du sable. Le boss, celui que personne n’imagine battu. Ce samedi, au Touquet, le « Lion des Flandres » a cédé son trône à son équipier Todd Kellett, et de la pire des façons pour un géant comme lui de l’Enduropale : sans pouvoir défendre ses chances.

Avec ses blessures et sa préparation écourtée, le Casselois savait que la mission s’annonçait terrible. Il avait tout imaginé, tout préparé mentalement, sauf la casse mécanique qui allait le frapper après environ trente minutes de course. Effaré, le public touquettois comprenait rapidement qu’il était arrivé quelque chose à son idole, qui ne coursait plus le lévrier britannique.

En bord de piste, moteur fumant, la Yamaha nº 1 flambant neuve, inaugurée mardi à Loon-Plage, était abandonnée comme une vulgaire antiquité par un Potisek furieux. En colère contre le sort qui s’acharne sur lui cette saison sur la piste. Enragé contre un scénario improbable.

Selon les responsables de Yamaha, il semblerait – mais il faudra analyser les choses plus en profondeur – qu’un léger accrochage a endommagé le radiateur, rendant rapidement le moteur HS. Alors troisième de la course, juste derrière le Sambrien Mathéo Miot, auteur d’un départ époustouflant, Potisek pointait à trente secondes environ déjà de son équipier, un Kellett parti, comme à son habitude, en furie.

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Deuxième au virage de Stella, loupant de peu le holeshot (prime pour le meilleur départ) au profit du Cambrésien Jérémy Hauquier, l’Anglais s’emparait rapidement des commandes et creusait l’écart. « C’est son point fort. Sur terrain plat, c’est le meilleur », estimait après course Guillaume Davion, le responsable de la mécanique et de la tactique chez Yamaha/Drag’on Tek. « Même des pilotes de Mondial souffriraient face à lui. »

L’abandon de Potisek  : un coup de massue

L’abandon de Potisek mettait un coup de massue sur la course, mais pas sur Kellett, qui avait de quoi voir venir. « Reste zen, ne force pas ! », lui intimait sa femme Lucy au ravitaillement. Et pourquoi donc le ferait-il ? Les Honda ? En grande difficulté depuis le départ, Cyril Genot, le seul à pouvoir rivaliser en vitesse pure, ayant une fois de plus manqué son départ.

« Il n’arrive pas à se mettre dedans en début de course. Pourtant, on lui parle ; pourtant, il essaie. Mais plus il le fait, moins bien c’est. Il va peut-être falloir revenir en arrière et le laisser tranquille », déplorait le boss de Honda SR, Josse Sallefranque, à propos de sa star belge, en dedans pendant une heure.

Sans forcer, Kellett creusait l’écart et, avec tout le respect dû à Mathéo Miot, voir l’inexpérimenté Nordiste en deuxième position (à 50 secondes au bout de cinquante minutes) n’était pas de nature à affecter la confiance du leader. À l’heure de course, la deuxième Honda officielle de Lars Van Berkel dépassait Miot, mais restait à plus d’une minute du Britannique. Le Touquet est une épreuve d’endurance où tout peut évidemment arriver, mais plus personne ne le voyait battu.

La course tombait alors dans une heure de langueur dont nous étions à peine sortis par une hécatombe d’abandons pour raisons mécaniques principalement (Watel, Meplon, Brossier, Chapelière, F. Miot), dont le plus injuste émotionnellement fut sans doute celui de Mathéo Miot, « fauché » par un moteur défaillant alors qu’il réussissait la course de sa vie, en lutte pour la troisième place après une heure et demie de course.

Outre cette cascade de malheurs, cette édition n’allait pas rester dans les mémoires, hormis dans celle de Todd Kellett, tant les rebondissements étaient inexistants. En invité poli, l’Anglais allait pourtant relancer le suspense dans la dernière heure en connaissant un petit creux. « Comme souvent cette saison », notait Davion.

Genot, enfin réveillé, enchaînait les tours canon et, à coups de trente secondes, revenait à une minute du Britannique. Il restait deux tours à parcourir et ce dernier remettait un coup d’accélérateur terrible pour renvoyer le Belge, épuisé à l’arrivée, à ses études. Lui pouvait jubiler : il signe la victoire de sa vie.

Potisek reviendra et la belle, en 2024, entre les deux pilotes stars de Yamaha, s’annonce déjà somptueuse. Une histoire de suprématie.

Classement : 1. Todd Kellett (GB, Yamaha) ; 2. Cyril Genot (Bel, Honda), à 2’34 ; 3. Yentel Martens (Bel, Honda), à 5’10 ; 4. Richard Fura (Fra, Honda), à 11’36 ; 5. Lars Van Berkel (PB, Honda), à 12’29 ; 6. Daymond Martens (Bel, Honda), à 1 tour ; 7. Damien Prévot (Fra, KTM), à 1 tour ; 8. Mattéo Puffet (Fra, Fantic), à 1 tour ; 9. Valentin Madouleaud (Fra, Yamaha), à 1 tour ; 10. David Abgrall (Fra, GasGas), à 1 tour.

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